Vie de musicien en tournée : un an sur les routes avec Asian Dub Foundation
Vivre la vie de musicien en tournée, c’est un rêve pour beaucoup de guitaristes. Voyager de ville en ville, jouer devant des milliers de personnes, partager des moments uniques sur scène… mais aussi affronter la fatigue, les trajets interminables et les imprévus du quotidien.
Dans cet article, je vous partage mon expérience personnelle : un an de tournée avec le groupe mythique Asian Dub Foundation.
Plus de 60 concerts, près de 15 pays, des rencontres incroyables et des leçons de vie qui vont bien au-delà de la musique.
1. Comment tout a commencé
Tout est parti d’un simple coup de fil, durant l’été 2024.
Je reçois un appel d’une boîte de production que je connaissais bien :
“Antoine, est-ce que ça t’intéresserait de jouer avec Asian Dub Foundation ?”
Sur le moment, je crois à une blague. J’écoutais ce groupe quand j’étais lycéen, à 16-17 ans.
C’était une époque où je jouais leurs morceaux sur ma guitare, dans ma chambre, sans imaginer un jour partager la scène avec eux.
Et non, ce n’était pas une blague !
Le guitariste fondateur, Chandrasonic, n’était pas disponible pour la tournée, et ils cherchaient un remplaçant capable d’assurer la tournée.
Un mois plus tard, je recevais le multipiste du concert complet, pour apprendre chaque morceau à l’oreille.
Pas de partitions, pas de répétitions.
Juste moi, ma guitare, et l’envie d’être à la hauteur d’un groupe que j’admirais depuis presque 20 ans.
2. La première scène : un saut dans le vide
Le premier concert était prévu à Prague, sans aucune répétition avec le groupe.
Je les ai rencontrés le jour même du concert, pendant les balances.
Deux morceaux joués pour tester le son : Access Denied, Zig Zag Nation.
Tout s’est enchaîné très vite :
- Premier soir à Prague,
- Le lendemain à Vienne,
- Puis Bologne en Italie.
Ces trois concerts ont été un vrai test.
Tout s’est bien passé et j’ai été confirmé pour la suite de la tournée.
L’aventure pouvait commencer.
3. La vie de musicien en tournée : entre adrénaline et fatigue
Être musicien en tournée, c’est vivre entre deux extrêmes :
l’adrénaline de la scène et la fatigue du quotidien.
La première partie de la tournée a eu lieu à l’automne 2024 :
une quinzaine de concerts à travers la France et l’Europe.
Nous avons joué à Toulouse, au mythique Bikini, devant plus de 1000 personnes.
Puis direction les Balkans : Slovénie, Croatie, Serbie, Grèce, avec un concert mémorable à Athènes au Fuzz Club.
Mais c’est surtout en février et mars que tout s’est intensifié :
31 concerts en un mois et demi, enchaînant France, Allemagne, Belgique, Suisse, Pays-Bas.
Nous avons enchaîné jusqu’à 12 concerts en 13 jours ! (Un jour off à Berlin pour découvrir cette ville que j’ai adoré).
4. Des concerts inoubliables
Impossible d’en citer un seul, mais certains moments resteront gravés.
- 🎶 Berlin, au SO36 : un vieux hangar mythique, un concert sold-out et un public totalement fou.
- 🎸 Lille, au Splendid : une salle pleine, plus de 1000 personnes.
- 💥 La Roche-sur-Yon, encore un concert sold out.
Chaque soir, quand les premières notes de Rebel Warrior ou Fortress Europe résonnaient, le public explosait (surtout l’intro de Fortress !)
Personnellement, j’adorais jouer le titre « La haine ».
Cette intro aux sonorités orientales (le mode phrygien !) avec une Wah-Wah.
Je repensais forcément au lycéen que j’étais, jouant ce titre sur ma guitare sans imaginer le vivre un jour sur scène.
5. L’humain avant tout
Derrière la musique, ce qui m’a le plus marqué, c’est l’humain.
Une tournée, c’est avant tout une aventure collective.
J’ai eu la chance de jouer avec des musiciens exceptionnels :
- Brian, batteur monstrueux passé par The Prodigy,
- Squidz, chanteur d’une justesse incroyable,
- Jamil, Aktar, et Nathan, flûtiste virtuose capable de faire lever toute une salle avec son solo de Flutebox.
Mais surtout, j’ai découvert des personnes profondément bienveillantes.
Pour eux, accueillir un nouveau guitariste n’était pas évident.
Et pourtant, dès le premier jour, ils m’ont intégré comme si j’avais toujours fait partie du groupe.
Cette chaleur humaine, c’est ce qui rend la vie de musicien en tournée aussi belle.
6. Le matériel et le son
Côté guitare, j’avais mes fidèles compagnons :
- ma Stratocaster 64,
- une Strat’ mexicaine que j’utilise uniquement en cas de problème,
- Un pedalboard bien chargé (une dizaine de pédales).
Lors de la tournée d’hiver, j’utilisais un Fender Hot Rod Deluxe.
Sur les festivals d’été, je passais sur du Mesa Boogie ou du Orange, pour un son plus massif.
Ce que j’ai adoré chez Asian Dub Foundation, c’est cette approche rock/punk.
Le nom du groupe évoque le dub et l’électro, mais en live, la guitare est puissante, directe, sans fioritures.
C’est totalement rock !
J’ai beaucoup appris de cette approche :
parfois, jouer avec le feeling compte plus que tout analyser théoriquement.
Je présente mon matériel dans un autre article/vidéo, vous pouvez retrouver ça en cliquant ici.
7. Les rencontres avec le public
Un des grands plaisirs de la tournée, c’est le contact avec le public.
Après chaque concert, je restais souvent pour discuter, signer des vinyles, prendre des photos.
Ce mélange entre ma vie de créateur de contenu, et celle de musicien de scène, c’était unique.
À Concarneau, un fan a même crié depuis la salle pendant la présentation du groupe :
“Merci pour tes vidéos, Antoine !”
Un moment que je n’oublierai jamais.
8. Ce qu’on apprend sur la route
La vie de musicien en tournée, ce n’est pas seulement la musique.
C’est une école de vie.
On apprend à s’adapter, à vivre en équipe, à gérer la fatigue et à rester concentré même après 7 heures de trajet (Berlin-Dortmund par exemple).
On découvre aussi de nouvelles cultures, de nouvelles manières de penser.
Entre deux concerts, j’essayais toujours de profiter des villes :
une promenade à l’Acropole d’Athènes, une bière à Berlin, une visite express de Ljubljana…
Ce sont ces moments entre les concerts qui donnent du sens à la route.
9. La part invisible : la route, les trajets, l’attente
Beaucoup imaginent qu’une tournée, c’est 100 % musique.
En réalité, la musique, c’est 5 à 10 % du temps.
Le reste, c’est la route, les soundchecks, les transferts d’aéroports, les valises, les retards, les repas décalés…
Mais même dans ces moments d’attente, il y a une forme de magie.
Un lien se crée entre les membres du groupe.
Des blagues, des souvenirs, des confidences.
C’est dans le bus, dans les loges ou dans un hôtel improbable qu’on forge la vraie famille de tournée.
10. Le bilan d’une aventure humaine et musicale
Quand je repense à cette année, je réalise à quel point cette expérience a été transformatrice.
J’ai appris à aller plus loin dans ma rigueur, ma gestion de la scène, mon jeu de guitare… mais aussi dans ma manière d’aborder les gens.
Je ressors de cette aventure plus confiant, plus curieux, plus reconnaissant.
Et même si aujourd’hui la tournée est terminée, elle m’a laissé une trace profonde.
Je ne sais pas si je rejouerai un jour avec Asian Dub Foundation,
mais je garderai à vie cette fierté d’avoir partagé la scène avec eux.
11. Un hommage à Thomas
Je ne pouvais pas conclure cet article sans une pensée pour Thomas, notre ingénieur du son et ami de longue date, qui nous a quittés récemment.
C’est aussi grâce à lui que j’ai intégré cette tournée, et cette vidéo – comme cet article – lui est dédiée.
Merci pour tout mon pote !
12. Conclusion : ce que je retiens de la vie de musicien en tournée
Vivre la vie de musicien en tournée, c’est bien plus qu’une succession de concerts.
C’est une aventure humaine, une école d’humilité et de passion.
On y apprend la rigueur, la patience, et surtout la gratitude.
Alors si vous rêvez un jour de partir en tournée, gardez ça en tête :
les kilomètres, les répétitions, les galères… tout ça fait partie du voyage.
Et une fois sur scène, quand les lumières s’allument et que le public crie,
tout en vaut la peine.