Improviser sans backing track : l’exercice ultime pour progresser
Improviser sans backing track à la guitare… voilà un exercice dont on parle peu, et pourtant, c’est probablement l’un des plus puissants pour progresser. On a tous l’habitude d’improviser sur des accompagnements : c’est confortable, inspirant, motivant. Le backing track nous porte, les accords tournent derrière, la rythmique nous soutient… tout semble plus simple.
Mais il existe une autre manière d’aborder l’improvisation, une manière plus exigeante, mais aussi bien plus formatrice : improviser seul, simplement accompagné d’un métronome.
Aujourd’hui, on plonge dans cet exercice que j’utilise depuis des années, et que je conseille toujours aux guitaristes qui veulent créer un vrai lien avec l’harmonie, développer leur oreille et solidifier leur connaissance du manche. Vous allez voir, c’est incroyablement efficace.
Backing track du tuto ( + un en bonus ) à télécharger ci-dessous
Pourquoi improviser sans backing track ?
Lorsqu’on joue sur un backing track, on peut parfois s’appuyer un peu trop dessus. L’harmonie tourne toute seule, les accords sont clairs, la basse met en avant les fondamentales… bref, même si votre solo ne représente pas vraiment les accords, le contexte harmonique fait le travail pour vous.
Résultat : on reste souvent dans sa zone de confort.
En improvisant sans backing track, tout change.
- Il n’y a plus d’accords pour vous guider.
- Plus de basse pour vous rappeler les fondamentales.
- Plus de rythmique pour porter vos phrases.
Vous devez tout créer vous-même : la pulsation, le placement, le lien aux accords, les résolutions… et c’est précisément ce qui rend l’exercice si puissant. On ne peut pas tricher : si votre phrasé ne représente pas clairement les accords, ça s’entend immédiatement.
Improviser sans backing track demande donc d’être plus attentif, plus précis… et ça fait progresser trois aspects essentiels :
- La relation entre solo et harmonie
- L’oreille musicale
- La connaissance du manche
L’harmonie du jour : Bm7 – Bm7 – Am7 – Am7
Pour cet exercice, on va utiliser une grille extrêmement simple :
Deux mesures de Bm7, puis deux mesures de Am7.
Cette progression est parfaite pour travailler :
- le ressenti des changements d’accords,
- le lien entre vos phrases et les fondamentales,
- la capacité à représenter l’harmonie avec peu de notes.
Simple… mais redoutablement efficace.

Étape 1 : improviser normalement (avec backing track)
Avant de passer à l’exercice « sans filet », commencez par improviser de manière classique sur le backing track.
Objectif : ressentir l’ambiance harmonique, intégrer la structure, et surtout… commencer à entendre les fondamentales B (pour Bm7) et A (pour Am7).
Pour aller à l’essentiel, on va travailler uniquement avec :
- Bm pentatonique position 1,
- Am pentatonique position 3.
Ce choix n’a rien d’anodin :
- La pentatonique permet déjà de très bien représenter l’harmonie.
- La position 1 en Bm et la position 3 en Am obligent à sortir un peu de la zone de confort.
- Vous pouvez déjà créer énormément de phrasés efficaces sans complexité théorique.
Prenez quelques minutes pour réviser :
- Bm pentatonique position 1
- Am pentatonique position 3
Puis alternez entre les deux :
Bm → Am → Bm → Am
Juste ça crée déjà un embryon d’harmonie dans votre tête… et dans vos doigts.
Étape 2 : préparer les positions d’une manière intelligente
Avant de passer au métronome, vous devez avoir les positions parfaitement en main. Jouez chaque pentatonique lentement, sans rythme, en pensant aux notes importantes :
- Le si pour Bm7
- Le la pour Am7
Ce travail est essentiel, car ce sont ces notes qui permettront au public de « deviner » les accords à travers votre solo. C’est littéralement ce qui donne du sens à vos phrases.
N’hésitez pas à ajouter une deuxième position pour chaque gamme si vous êtes à l’aise. Mais si ce n’est pas le cas, restez simple : deux positions suffisent largement pour profiter des bénéfices de l’exercice.

Étape 3 : improviser… sans backing track (juste un métronome)
C’est ici que la magie opère.
Mettez un métronome.
Choisissez un tempo confortable.
Comptez en mesures : deux mesures Bm, deux mesures Am, et on recommence.
Votre mission :
- Respecter la structure.
- Faire entendre les accords uniquement avec votre phrasé.
- Rester simple et précis.
- Insister régulièrement sur les fondamentales.
- Créer des phrases courtes et lisibles.
C’est un exercice difficile, et c’est normal.
Votre cerveau doit gérer :
- le placement rythmique,
- la forme harmonique,
- les positions de gamme,
- les résolutions sur les notes fortes.
Et c’est justement cette combinaison qui fait progresser si vite.
Les fondamentales : votre meilleure arme
Si vous ne savez pas comment représenter l’harmonie, commencez par ça :
- Terminez vos phrases sur B quand vous êtes sur Bm7
- Terminez vos phrases sur A quand vous êtes sur Am7
C’est simple.
C’est efficace.
Et ça marche à tous les coups.
Les notes longues sont particulièrement puissantes : une fondamentale tenue au bon moment peut donner à elle seule l’illusion que l’accord tourne derrière vous.
C’est la base de la méthode FDC, que vous connaissez peut-être déjà : Fondamentale, Degré, Contexte. Elle permet d’improviser en créant un lien naturel, évident, solide avec l’harmonie.
L’objectif final : représenter les accords uniquement par votre phrasé
Une fois que vous commencez à ressentir la grille sans backing track, vous constaterez quelque chose d’assez magique :
les accords “apparaissent” à travers votre jeu sans :
guitare rythmique.
basse.
piano.
backing track.
Juste avec vous, votre instrument… et quatre mesures.
Si on entend le passage de Bm7 → Am7 dans vos phrases, vous avez gagné.
Un exercice simple… mais un impact énorme
Ce type de pratique a énormément d’effets positifs :
- vous ressentez mieux les fondamentales,
- vous développez vos résolutions,
- vous comprenez vraiment la fonction des notes,
- vous simplifiez votre jeu (et ça sonne mieux),
- vous progressez FORT dans la connaissance du manche,
- vous n’êtes plus dépendant d’un backing track pour improviser.
C’est littéralement un accélérateur de progrès.
Maintenant, c’est à vous de jouer
Vous pouvez faire cet exercice :
- 5 minutes par jour,
- 10 minutes,
- ou plus si vous êtes motivé.
L’important, c’est la régularité.
C’est visuel, c’est auditif… et c’est surtout très formateur.
Testez la méthode, alternez Bm7 et Am7, utilisez les pentas, écoutez les fondamentales… et trouvez ce moment magique où vous arrivez enfin à représenter l’harmonie simplement avec votre jeu.
Bon courage, et amusez-vous !


