Dans les coulisses de la vie d’un guitariste en tournée

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Depuis la création du Blog, je reçois régulièrement des messages de personnes souhaitant en savoir plus sur le train de vie d’un musicien ou d’un guitariste en tournée.
On imagine tout un tas de cliché quand il s’agit d’évoquer la vie d’un musicien voguant de concert en concert.
Même si cela peut être vrai pour un groupe comme les Rolling Stones, AC/DC ou encore Nirvana, cela est beaucoup moins vrai pour 99% des musiciens que vous voyez en festival, à la télé ou encore dans votre salle de concert du coin.

« Quelle est sa routine ? Que se passe-t-il derrière le rideau ? etc. »
J’ai décidé d’y consacrer un article, me basant sur ma propre expérience.
Il ne s’agira donc pas d’un article à but pédagogique mais plutôt sur les « coulisses » de ce à quoi ressemble la vie d’un musicien de tournée.

N’ayant jamais joué avec Metallica ou les Guns N’ Roses mais plutôt avec des artistes signés par des labels indépendants, vous allez connaître quelle est la réalité de la vie d’un guitariste en tournée.

La feuille de route

Lorsque j’étais élève au MAI de Nancy, les intervenants le disaient régulièrement :
« La musique, quand on est musicien Live, c’est 5% du métier ».
Dès mes premières tournées en Décembre 2010, j’ai réalisé à quel point c’était vrai.

Quelques jours avant le concert en question, la boîte de production envoi généralement une feuille de route qui donne diverses informations :

• Adresse de la salle de concert
• Lieu et heure de rendez-vous
• Durée du trajet
• Horaires des balances
• Heure du concert
• Informations complémentaires si besoin

La feuille de route est utilisée par des projets musicaux d’une certaine envergure réunissant musiciens, technicien, régisseur, producteurs, etc.
Rarement pour des groupes qui se gèrent eux-mêmes où un simple SMS est suffisant pour s’organiser.

La route est le meilleur ami du guitariste en tournée

Que ce soit un concert prévu dans un festival, une salle de concert mais aussi une soirée privée, un bar ou une animation d’été, le meilleur ami du musicien de tournée…C’est la route !
Dites-vous que le groupe que vous voyez dans votre salle du coin à fait certainement 6h de minibus pour venir jouer 1h30.
Et qu’il fera la même chose pour rentrer chez lui !
Ainsi la réalité est la suivante : départ très tôt le matin afin de rejoindre le groupe à un point de rendez-vous pour ensuite partir en direction du lieu où se déroulera le concert.
Certains ont un Tourbus confortable avec couchette perso, cuisine, la télé avec une Playstation.
Pour beaucoup, ce sera voiture perso ou minibus !
Par exemple, j’ai accompagné le Bluesman Big Ed Sullivan en 2015.
Notre moyen de transport était nos voitures personnelles !

La règle d’or du musicien de tournée ? « Être à l’heure » !
Pas très Rock’n’Roll me dira-t-on…
Arriver une heure en retard, rater les balances et faire un concert pourri…Cela est le meilleur moyen de ne plus jamais se faire inviter par des festivals et nuire à la réputation d’un groupe.

Être musicien, c’est faire le choix de faire des trajets de vacances tous les week-ends !
Cela m’est arrivé de jouer le jeudi à Bruxelles, le vendredi à Poitiers, le samedi à Perpignan et de rentrer le dimanche à Paris.
Je vous laisse calculer les heures de routes…
Ou encore de jouer à Verbier (Station de ski en Suisse), terminer le concert à 1h30 du matin et avoir rendez-vous à 9h30 au Stade de France pour faire les balances.
Beaucoup de route et peu de sommeil !

Les balances

Après 6h de route, pas le temps de faire la sieste ou de se reposer.
Place à la préparation du concert.
Chacun installe son matériel et se prépare pour les balances.
La durée dépend de la taille du projet musical.
Le groupe « 100% Stones » que j’ai accompagné pendant 2 ans balançait 30 minutes montre en main (Installation comprise) mais ça relève de l’exception !
Généralement il faut compter 2 heures pour bien peaufiner chaque réglage.

En tant que guitariste de tournée, j’utilise principalement la configuration suivante :

• 2 guitares minimum (en cas de cassage de corde en plein concert)
• Un ampli (Combo, car plus pratique pour le transport. Votre équipe fera particulièrement la grimace si vous venez avec un double corps Marshall…)
• Un Pedalboard (Regardez cet article pour plus de précision )
• Des câbles jack
• 2 Stands guitare

Je fais attention à bien régler mes pédales pour avoir un équilibre entre clean et saturation tout en communiquant avec l’ingénieur du son.
Et évidemment en appliquant la règle suivante : « Pas de virtuosité pendant les balances ».
Vous voulez connaître la différence entre un amateur et un pro ? Vous avez la réponse !
À moins que le Show en question demande une certaine virtuosité, les balances sont tout sauf une cour de récréation !
Cela ennuis musiciens, techniciens et régisseurs à travailler dans de bonnes conditions.
Bref cela ne fait pas pro du tout !

Chaque instrumentiste règle son matériel à tour de rôle avec l’ingénieur du son et cela se termine par quelques chansons jouées ensemble.

Un peu de liberté avant le concert

Arrive le moment où on peut souffler un peu.
Pendant quelques heures, il est question de lâcher un peu la pression.
Les festivals et salle de concert sont très accueillants envers les musiciens et leur permettent de se détendre avant de jouer (ou même après !)
Le festival Garorock à Marmande met à disposition un terrain de beach-volley par exemple !

Un de mes meilleurs souvenirs de tournée restera le Solidays lors d’une tournée avec Biga Ranx.
Buvant une bière et jouant au Ping-pong, il y avait Asaf Avidan à ma gauche en train de régler sa guitare.
David Guetta à 2 mètres en face de moi en train d’apprécier l’ambiance des loges et Liam Gallagher avec son groupe « Beady Eye » qui n’avaient pas l’air de bonne humeur !

Ce moment est aussi l’occasion pour manger entre musiciens et l’équipe technique.
Festival de grande ampleur, salle de concert…Tout le monde se rejoint au même endroit.
Que vous soyez gagnant d’un tremplin régional ou Matthew Bellamy, vous partagerez ce moment ensemble !
J’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de musiciens tout au long de mes tournées, connus ou pas, c’était toujours un super moment de partager tout cela avec eux !

L’heure du concert a sonné

Au bout de 12 heures, nous voilà enfin prêts à monter sur scène.

Que fait-on juste avant ?
Certains groupes ont leurs habitudes comme faire une sorte de rituel par exemple.
Personnellement, je me contente de penser à autre chose afin d’être le plus détendu possible.
Le stress diminue avec l’habitude, cela se remplace généralement par de l’excitation !
Le signal pour monter sur scène est donné par l’extinction de toutes les lumières.
C’est à ce moment que le public réclame encore plus le groupe qu’ils attendent.

Les salles de concerts sont en général plus confortables qu’un festival.
Il est possible de jouer des chansons en plus et de terminer 15 minutes après le timing officiel.
Comparé aux festivals où c’est généralement le rush à cause de la programmation.
Hors de question de commencer 5 minutes plus tard car il y a un autre artiste qui enchaîne juste après !
On se moque si les réglages sont à moitié faits !
Il m’est arrivé de commencer un concert en festival sans entendre le batteur.
Pas question de se plaindre, un seul mot d’ordre : JOUER ! (et avec le sourire ! )

En plus de jouer, il est important de rester concentré en cas de problème.
Toujours avoir un œil sur l’ingénieur du son ou un technicien et toujours agir professionnellement sans paniquer.
À aucun moment on doit s’arrêter de jouer.
L’arrêt de la musique est le blâme ultime !

Des problèmes, il y en a à chaque concert.
À vous de les gérer en temps réel et de rester calme.
Cassage de corde, problème de son, trop de fumée sur la scène, les lumières qui éblouissent, le pianiste fait une erreur, le médiator qui tombe, un spectateur qui monte sur scène et qui renverse sa bière sur la guitare, il fait trop chaud au point de trop transpirer sur le manche de guitare, etc.
Sur un échantillon de 100 problèmes potentiels, il y en a toujours un qui surgit !
Avec plus de 700 concerts à mon actif, je vous garantis que le concert parfait n’existe pas !

Et après le Show ?

On en arrive au fameux mythe du guitariste en tournée et tous les clichés que cela peut engendrer !
Que fait-on après le concert ?
C’est si Rock’n’Roll que ça dans les loges ?

La première chose à faire, c’est de ranger le matériel.
À moins d’avoir un GuitarTech, cela fait partie de la tâche du musicien de s’occuper de son matériel et de le ranger ensuite dans le Bus.
Ensuite, il est possible de faire la fête !

Et encore, si le concert du lendemain est situé à 500km du lieu actuel et qu’un départ à 7h30 du matin est prévu…La fête sera de courte durée !
Dans le cas contraire, oui il est possible de s’amuser un peu après et à titre personnel j’aime beaucoup les festivals pour ça.
C’est une super occasion pour voir des concerts, découvrir des artistes et multiplier les rencontres autour d’une bonne bière !

Une journée de travail de 16h minimum pour un guitariste en tournée

Il est temps de clôturer notre journée en allant à l’hôtel.
Le concert s’étant terminé à 23h30.
Ainsi, Cela nous fait une belle journée de 16h de travail !
Et seulement 1h30 de musique !
Guitariste en tournée ce n’est pas uniquement jouer, c’est aussi tout ces à-côtés.
Certains sont passionnants et d’autres pas du tout.

L’illusion de beaucoup d’amateurs est de penser que « parce que » c’est la musique donc c’est « Cool ».
ERREUR !
Vous voulez réussir ? Soyez deux fois plus rigoureux et pro que dans un travail « normal » !

J’ai écrit cet article suite à la demande de certains.
Si vous voulez des articles en particulier, n’hésitez pas à commenter celui-ci.